The Advantages of being a woman artist, Guerilla Girls 1988
On continue notre collaboration avec la revue Deuxième Temps. Tous les mois, Céline Giraud et Alicia Martins nous parlent de faits de société contemporains et les mettent en relation avec des œuvres et des artistes passé·e·s, présent·e·s ou futur·e·s. Histoire de faire dialoguer tout ce petit monde.
Est-ce qu’artiste est un métier masculin ?
En France, l’académie des Beaux-Arts n’a accepté les femmes qu’en 1896. Avant, l’accès aux ateliers leur était généralement interdit : elles auraient “distrait” les hommes qui y étaient. Des cours leur ont été créés mais ils avaient quelques différences avec ceux traditionnels : peindre des nus était interdit car les femmes étaient bien trop fragiles mais elles pouvaient s’exercer en réalisant des petits tableaux ou de l’enluminure, aux thématiques définies ; on les cantonnait à un artisanat considéré comme gracieux. En dehors de ces académiciennes étouffées, les rares à être devenues peintres, sculptrices, ou plus tard photographes, ont entendu dire qu’elles créaient “comme des hommes”. Jusqu’au XXe siècle, être une femme artiste talentueuse c’était donc être une femme qui s’approprie les gestes et la profession d’un homme. Finalement, rien de plus qu’une bonne imitatrice.
Dans ces conditions, comment contrer les interdits et montrer à tous l’absurdité de ces hiérarchies de genre ?
Etre la femme de
Les femmes artistes sont présentes dans tous les pans et périodes de l’histoire de l’art, mais presque toujours en étant liées à des hommes. Aux XVIe et XVIIe siècles, Lavinia Fontana et Mary Beale ont dû laisser leurs maris gérer leurs carrières tels des agents. Elles signaient leurs travaux et ont été reconnues en leurs propres noms, ce qui semble déjà positif. Mais si d’autres géraient leurs carnets de commandes, quelle était leur liberté face à la création ?